jeudi 24 novembre 2016

La sourcière qui voulait être verte



C’est dans son sang, avait prononcé solennellement ma grand-mère paternelle en me regardant 
marcher de long en large dans le champ, avec mes deux baguettes de métal qui se croisaient de temps en temps le long de mon parcours délibéré. Lorsqu’elles faisaient un x parfait, mon oncle plantait un piquet pour suivre la veine d’eau. J’avais environ 13 ans et j’étais émerveillée d'avoir ce pouvoir mystique. Moi, la sourcière. Il faut dire que je ne le prenais pas trop au sérieux. Pour moi c’était un jeu. À la fin de l’exercice, mon oncle annonçait avec sa voix de stentor l'endroit où il fallait creuser le puits. Le puisatier trouvait de l’eau à la grande satisfaction de ma famille exactement à l’endroit où j’avais indiqué et l’eau était bonne.

Tout cela est de l’histoire ancienne. Très ancienne. J’avoue que je me suis amusée à jouer la sourcière et à refaire l’exercice sur notre terrain à Saint-Irénée où j’ai trouvé deux veines d’eau ainsi que la bouteille de champagne que nous avions cachée pour déguster à un moment donné. Cependant, comme nous étions désormais au diapason avec les technologies émergentes dans le domaine de la construction écoresponsable, j’ai rangé mes baguettes et après quelques recherches, nous avons appelé le puisatier qui nous avait été recommandé par notre plombier.
Notre maison est sise sur le roc en plein astroblème de Charlevoix, un ancien cratère d’impact météoritique. Nous étions un peu inquiets pour le forage. Nous voulions un puits artésien pour atteindre la nappe phréatique profonde puisque l’eau est plus filtrée et protégée par la couche imperméable. Il y a moins de risques de contamination bactérienne et chimique ou que le puits tarisse. Nous avons une surface rocailleuse et la nappe est profonde. Le puits devait avoir un tuyau d’aspiration protégé par un tubage pour assurer l’étanchéité. Le diamètre du tuyau est plus petit que celui d’un puits de surface ce qui permet un scellement quasi parfait. Nous cherchions aussi à avoir un débit qui nous donnerait 60 psi et gérer le chantier selon les consignes de LEED v4. Notre plombier nous a recommandé les Forages Denis Proulx, une compagnie reconnue pour ses compétences solides et l’utilisation de la technologie de pointe. Donc, quand vint le temps de creuser le puits, je n’ai pas offert de sortir mes baguettes.
Cette compagnie de Montmagny, qui dessert les deux côtés de la rive du fleuve, est une histoire de générations. Comme ma grand-mère dirait, c’est dans leur sang. Le patriarche, Denis Proulx, fondateur de la compagnie, son fils André, et le petit-fils de Denis qui porte le même nom en honneur de son grand-père, forment une équipe efficace et comme on dirait d’une famille unie, ils sont tricotés serrés. L’assurance professionnelle du patriarche se communique de père en fils. C’est l’expérience qui prime et la technologie ensuite.

Il faut avouer que c’est impressionnant de voir le forage d’un puits. L’équipement de fine pointe permet de forer un puits selon les recommandations de l’arpenteur-géomètre. On ne cherche plus les veines d’eau. On creuse jusqu’à ce que l’on trouve l’eau dans une nappe profonde.
Quand les puisatiers ont installé l’équipement et que le forage a débuté, pour les néophytes comme nous, on ne faisait que regarder les produits du creusage se déferler hors du tuyau. Sous la supervision vigilante de Denis, son petit-fils dirigeait le forage avec aplomb. Nous avons atteint l’eau à 250 pieds. Nous étions émerveillés de voir l’eau sortir du tuyau à 600 gallons à l’heure. En forant la couche de terre imperméable pour atteindre une autre couche qui reçoit l’eau de plus haut, une pression est exercée et force l’eau è s’écouler vers le haut. La pression artésienne est réglée pour conserver l’eau. Il y a des règlements sur les puits d’eau, ainsi que son assainissement. Les règlements sur le captage des eaux souterraines proviennent de la Loi sur la qualité de l’environnement pour protéger les eaux souterraines destinées à la consommation humaine.
L’eau potable est une ressource naturelle digne de respect. Il faut donc une compagnie digne de confiance et c’est ce que nous avons eu avec la compagnie Forage Denis Proulx. Non seulement ont-ils respecté les consignes LEED v4 pour la gestion du chantier en ce qui a trait à la protection environnementale, mais ils ont livré la marchandise. Un chantier écologique comme le nôtre pose des défis particuliers surtout au niveau de la conservation des ressources naturelles et de la réduction des dommages à l’environnement.  Ce n’est que du gros bon sens. Cette sourcière était satisfaite et Gaïa aussi.

mercredi 23 novembre 2016

Pour ne pas confondre les septiques


Je dois faire un aveu. J’aime mon installation septique, un peu, beaucoup, à la folie. C’est une Écoflo, un système de traitement des eaux usées avec un biofiltre, une unité de traitement et un champ de polissage, sans utilisation d’énergie et une empreinte minimale sur notre terrain. J’en parle comme si je venais d’acquérir un tableau de Jean-Paul Lemieux. Ma table de chevet a été visitée par maintes grandes œuvres, de grands romans, des essais foudroyants, des travaux de mes étudiants à l’université, mais rien ne peut comparer à la documentation des manufacturiers de fosses septiques avec illustrations en couleur.
Les Salons de l’Habitation m’ont accueillie à bras ouverts parce qu’en autoconstruction, je cherchais des fournisseurs. Mes yeux étaient avides de trouver les immenses caissons de polyéthylène (du plastique pour les non-convertis), de béton ou de fibre de verre. Mon conjoint entretenait des discussions en rafale avec les différents fournisseurs, sur la superficie de notre propriété, sa topographie, la perméabilité et l’épaisseur du sol naturel en place. Le matin, la table de chevet était ensevelie de cette documentation et on se sentait gras dur de pouvoir faire le bon choix, car cohérence oblige avec notre mandat d’être écolo, l’installation septique demandait un système d’assainissement qui n’aurait pas d’impact sur l’environnement à l’égard de la concentration d’organismes pathogènes rejetés (coliformes fécaux). On voulait un système simple avec une performance et une fiabilité assurée. Nous prônions aussi les systèmes passifs ne requérant aucune électricité ni pièce électromécanique pour le traitement.
Le principe est très simple. Ecoflo est un système passif qui utilise un filtre biologique qui retient les polluants. La fosse septique est le système de traitement primaire où les solides et les liquides sont séparés pour amorcer la décomposition des matières organiques. Le biofiltre Ecoflo est le traitement secondaire. Dans ce mécanisme passif, les eaux usées vont dans une bascule qui les distribue sur des plaques le long d’un support central. Les eaux usées percolent à travers le milieu filtrant organique composé de fibres naturelles où elles seront finalement infiltrées dans un champ de polissage. Le filtre est fait de mousse de sphaigne. La gestion durable des tourbières ainsi que la protection des écosystèmes sont un engagement du manufacturier. Lorsque la tourbe doit être remplacée après dix ans, elle est transportée au site de compostage où elle sera utilisée en composition avec d’autres matières organiques pour faire du recouvrement de sites de revégétalisation.
Pour obtenir le permis de la municipalité, l’arpenteur géomètre doit donner la topographie du site, la pente du terrain récepteur, le niveau de perméabilité le niveau du roc, des eaux souterraines et de la couche de sol perméable. Un plan sera rédigé pour accompagner la demande de permis. C’est lors du creusage pour la fondation que la fosse septique a été installée.
Les plus chevronnés utilisent des toilettes de compostage des excréments, ou des toilettes sèches. Les Suédois en sont de grands admirateurs. Après chaque utilisation, ils versent deux louches de copeaux de bois qu’ils se procurent des scieries, et voilà, du compost. Il y a d’autres systèmes sur le marché comme le roseau épurateur, le bambou et le filtre coco. Nous avons choisi le système qui nous convenait le mieux selon les recommandations de l’arpenteur géomètre, nos conditions climatiques et LEED v4.
Il était aussi question de récupération de nos eaux grises, donc toute l’eau provenant des lavabos, la douche et la lessiveuse à l’exclusion de nos toilettes, de l’évier de cuisine ou du lave-vaisselle à cause des graisses et des matières organiques. Dans notre exubérance de vouloir être écolo et récolter des points LEED v4, nous avons frappé un mur. Notre système de fosse septique ne pouvait pas supporter la récupération des eaux grises à cause du chlore que l’on doit appliquer aux eaux souillées. Adieu récupération des eaux grises qui auraient été utilisées seulement dans nos toilettes.
Être écolo demande parfois plus de responsabilités. Une fosse septique écolo ne fait pas l’exception. Il faut la dorloter pour encourager une culture saine et la garder en condition optimale. Je ne peux pas m’empêcher de sourire à l’idée que j’encourage la culture écolo en prenant soin de mon système de traitement des eaux usées. Une culture en vaut bien une autre. Excusez-la. Je ne pouvais pas résister.

lundi 31 octobre 2016

Un rêve trouve sa fondation



Hélène et Jocelyn Harvey
Dès la première rencontre avec Jocelyn Harvey, entrepreneur de La Malbaie, on se rend rapidement à l’évidence que l’on parle avec un homme d’affaires chevronné. L’évolution de son entreprise est une histoire de succès qui continue à élargir son champ d’expertise en génie civil et génie municipal, les fondations et le déneigement. Lorsque Jocelyn Harvey parle d’affaires, il mentionne souvent les noms de son épouse Hélène et son fils Carl en soulignant leurs rôles dans le succès de l’entreprise. Hélène est futée en administration. Son sourire et son calme rassurant nous accueillent avec un professionnalisme qui va de pair avec ses responsabilités. Leur fils Carl, aussi à l’aise en administration que sur le terrain, offre un service personnalisé sur mesure. Ce jeune entrepreneur nous a accueillis sur le terrain en disant que l’ouvrage qu’il ferait serait comme s’il le faisait pour lui-même. Il a tenu sa parole. En effet, sa dextérité technique avec la pelle mécanique le démarque dans l’industrie. Il est évident que la relève pour l’entreprise de Jocelyn Harvey est entre bonnes-mains.

Gaétan Dupont, Carl Harvey, Robert Rochefort, Stéphane Lavoie
La première impression est toujours la meilleure. Nous ne nous sommes pas trompés quand nous avons rencontré Gaétan Dupont, estimateur et chargé de projet, qui a conçu notre projet pour la fondation.  Ce n’est pas évident pour nous de visualiser les travaux pour estimer leur portée. Gaétan a pris le temps de nous expliquer tout le processus à l’aide d’un logiciel utilisant la topographie de notre terrain soumis par notre arpenteur géomètre. Une fois les caractéristiques de la fondation soumises par l’architecte selon les exigences LEED v4, Gaétan fut en mesure d’illustrer le résultat final en 3 dimensions. On ne pouvait pas demander mieux. De plus, ses visites au site pour superviser et évaluer les travaux étaient de premier ordre. Gaétan est doué d’un focus inouï pour tous les détails du processus d’estimation en construction. C’est aussi un homme axé sur les solutions et le service. Aucune personne ne doute que Gaétan soit aussi un des piliers de l’entreprise de Jocelyn Harvey.
Jean-Luc Néron

Sur le chantier, le spécialiste en fondation, le charpentier-menuisier, Robert Rochefort est l’homme qui réalise au huitième de pouce les travaux. Il calcule tout avec une précision étonnante, calculatrice, appareil de mesure et plans à la main. C’est un perfectionniste dans son métier et son art. Stéphane Lavoie, spécialiste en aqueduc, fosses septiques et champs d'épuration, ainsi que Jean-Luc Néron, manœuvre spécialisé et opérateur de machinerie, installent le matériel pour réaliser les travaux. Tous les jours, nous regardons le progrès et nous sommes impressionnés. Malgré l'intégration de la technologie de fine pointe, construire une maison prend encore de la force physique et de la résilience face aux conditions climatiques. L'équipe reviendra au printemps pour finaliser l'aménagement du terrain et faire les formes de béton pour les terrasses. 
Le cortège interminable de camions a lentement changé le paysage. Nous pouvions enfin voir l’empreinte de la maison. La composition de la semelle est une science exacte.  La fondation a été un sujet pointu dans nos discussions avec l’architecte, les ingénieurs et le chargé de projet. Il fallait s’assurer que sa structure soit au-delà des exigences et même sur le terrain, nous avons modifié sa composition. LEED v4 demandait du béton recyclé dans la formule. Pas évident. Le problème avec le béton recyclé est sa provenance et sa composition. Le fournisseur ne pouvait pas garantir l’absence de pyrite puisque la composition du béton recyclé était difficile à préciser à cause de la provenance. Nous avons donc opté pour du béton non recyclé. Les plans de la
semelle avaient été faits pour 4 pieds de gel sous le sol. Dans Charlevoix, le gel peut aller jusqu’à 7 pieds, donc nous l’avons modifié. Le béton est recouvert de Blue Skin, une membrane d’étanchéité autoadhésive faite d’un composé d’asphalte SBS caoutchouté laminé sur une pellicule de polyéthylène bleue. Elle est imperméable à l'air, à la vapeur et à l’eau. Ensuite, il y a deux épaisseurs de Roxul pour faire 5 pouces, de cet isolant résistant au feu et à l’eau. C’est une solution sans compromis pour des économies d'énergie en matière d'isolation fabriquée à partir de roche et de scories recyclées, un sous-produit de l’acier normalement envoyé à l’enfouissement. Donc non seulement est-ce un produit qui favorise l’économie énergétique, mais il est aussi écologique.

Béton recouvert de Blue Skin
Le sol est composé de terre noire et de roche. Puisque la maison a un rez-de-jardin, l’excavation a été réalisée pour remonter la maison sur le roc et la terre noire avec un remblai de sable. À cause de l’activité séismique importante de la région qui enregistre environ 200 secousses annuellement, la fondation a été renforcie avec une armature d’acier. La fosse septique et le champ d’épuration ont également été installés lors de cette phase de construction. Nous en parlerons dans notre prochain billet.
Roxul sur le Blue Skin
C’est en travaillant avec une entreprise familiale qui offre un service de première qualité qu’il est facile de les recommander non seulement pour la qualité de leur service, mais aussi pour la valeur de leur équipe.  Chez Jocelyn Harvey Entrepreneur, nous avons pu atteindre nos objectifs, non seulement dans les travaux, mais aussi du fait qu’ils ont respecté à la lettre les consignes de la gestion du chantier de construction selon les critères LEED v4. La grandeur d’un métier n’est pas seulement dans l’exécution, mais aussi dans la qualité de la relation client-entrepreneur. Ce n’est pas un hasard que travailler ensemble est non seulement un progrès, mais un succès. À l’origine, ce blogue se voulait le récit informatif de la construction de notre maison écologique en voie de certification LEED.  Au long du parcours, nous avons eu l’ultime chance de rencontrer des individus qui nous ont offert d’excellents services et forgé avec nous une relation de confiance au-delà des affaires. Voilà une des plus grandes forces d’encourager l’économie locale. Ça devient une affaire de famille et de communauté.

jeudi 11 août 2016

Quand la sérendipité devient la norme



Un de mes auteurs préférés, Roch Carrier a déjà dit qu’un homme qui bâtit sa propre maison renait une deuxième fois. On y met de nous-mêmes pour l’amour de notre couple, de notre famille et pour notre communauté. Construire est technique, linéaire, même cartésien. En d’autres mots, si bâtir veut dire léguer un patrimoine intemporel, construire c’est créer tout ce qui se mesure concrètement. C’est une empreinte tangible qui a un impact sur nous et l’environnement. La prime est haute. Ce que l’on fait doit être durable pour ne pas abuser de nos ressources naturelles. Choisir l’écoconstruction, c’est un gage de respect à chaque étape de la construction. L’idée n’est pas neuve. Nos ancêtres le pratiquaient, mais en cour de route comme bien d’autres pratiques vénérables, nous avons oublié d’utiliser des ressources locales peu transformées.
Il n’est pas nécessaire de débattre le point. Une maison écologique et écoénergétique consomme moins d’énergie, d’eau et de ressources naturelles. Elle produit moins de déchets, est plus saine et confortable pour ceux qui l’habitent en plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le coût se compare à celui d’une maison conventionnelle. Les agences d’immobilier indiquent que l’augmentation de la valeur des habitations certifiées est alimentée par un intérêt soutenu pour les habitations écologiques certifiées. C'est donc un bon investissement à tout point de vue.

Nous avons choisi la certification internationale LEED v4 (Leadership in Energy & Environmental  Design) pour notre résidence bioclimatique. En suivant leur système de pointage, nous pouvons réaliser une économie d’énergie importante pouvant aller jusqu’à 70 %. L’utilisation de l’eau potable, une ressource naturelle précieuse, est deux fois moins élevée. De matériaux sains, une ventilation performante et le contrôle du radon diminuent de façon marquée les substances nocives où le niveau des polluants à l’intérieur de la maison peut être jusqu’à 5 fois plus élevé que l’extérieur. Un exemple est le plancher flottant, certaines mélamines et la peinture qui relâchent des émanations toxiques pour presque sept ans. Ensuite, on les remplace et le cycle recommence. On surveille tout pour la santé de notre famille, et pourtant, on s’empoisonne tranquillement avec les émanations toxiques produites par le matériel que nous utilisons dans nos maisons. Une maison écologique fait le contraire, car elle prend soin de nous.

L’écoconstruction a ses avantages financiers sans être plus onéreuse comme plusieurs la croient. Il y a des crédits de taxes dans certaines municipalités, des rabais d’assurances, des avantages sur les hypothèques et surtout une valeur de revente accrue. Donc, construire de façon soutenable en vaut la mèche sur divers plans. Je dois avouer cependant que l’exercice peut devenir ardu, car certains secteurs du domaine de la construction ne s’opposent pas ouvertement au processus, mais dans certains cas, c’est une culture fermée qui n’est pas prête à innover de peur que la rentabilité diminue. Pour le consommateur averti, il faut se préparer en faisant des recherches, en consultant des experts-conseils et en posant les bonnes questions au point où s’en devienne une obsession. On ne peut pas être à demi écolo. C’est tout ou rien. Une fois le point de bascule atteint, on plonge dans l’infini vert et ça, c’est tout un apprentissage en soi-même. Les choix que nous avons faits pour notre maison, en plus d’être verts, reflètent les Baby Boomers, notre démographie qui veut vivre de façon
autonome dans une retraite active. Nous avons rencontré plusieurs acteurs dans le domaine de la construction durable, certains plus militants que d’autres et nous avons toujours apporté notre point de vue à la table. Nous voulons un design universel qui facilite l’accessibilité multigénérationnelle. Ils nous ont écoutés. De ce fait, nous avons attiré l’attention du Conseil de bâtiment durable canadien qui nous affiche sur leur leaderboard sur leur site internet. Même la communauté où nous emménageons nous a mis sur son site avec un lien sur notre blogue. Toute cette visibilité nous donne de la crédibilité. Nos recherches personnelles ont apporté des résultats qui intéressent l’industrie. C’est pour cette raison que plusieurs de nos fournisseurs sont nos partenaires. Vous verrez leurs sigles commerciaux en marge de ce billet. Nous vous invitons à les consulter pour leur leadership, professionnalisme, la qualité de produits et services en écoconstruction.

Pour faciliter notre tâche, les programmes de certifications internationales offrent un encadrement rigide pour atteindre des objectifs mesurables et soutenables. Ce n’est pas de la philosophie ou du greenwashing. C’est la réalité qui se mesure avec des outils conviviaux en ligne comme les tableurs de pointage. Dès l’amont du projet de construction, il faut une équipe sans avoir à débattre les mérites de la construction soutenable. Dans notre cas, nous avons choisi la firme d’architectes TERGOS, de Québec, des experts en écoconstruction. Ils ont raflé plusieurs prix au niveau platine pour LEED. Ensemble, nous avons valorisé les ressources naturelles permettant de se rapprocher du site naturel de notre emplacement sur le bord du fleuve en prônant l’énergie passive et l’emploi de matériaux à faible énergie grise, c.-à-d. l’énergie nécessaire pour la transformation de la matière. La gestion écologique du chantier de construction est aussi une rigueur avec des pratiques concrètes et quantifiables.

En choisissant LEED version 4, nous sommes la 2e maison au Canada et au Québec inscrite pour obtenir cette accréditation internationale. La 1re est à Edelweiss et a été réalisée par Écohabitation, nos mentors. Ils ont atteint le niveau convoité de Platine. Le cheminement pour la certification est échelonné selon les domaines spécialisés de planification et de conception de projet intégrées nommément, l’emplacement et le transport, l’aménagement écologique des sites, la gestion efficace de l’eau, l’énergie et l’atmosphère, matériaux et ressources, qualité des environnements intérieurs, innovation et priorité régionale. Chaque section est pondérée selon un système de pointage cumulatif pour atteindre un point de référence international dans le design et la construction à haute performance. C’est aussi une initiative pour transformer l’industrie de construction. Donc, quand un couple à la retraite comme nous se présente dans cette arène, la donne change avec tous ses défis comme notre courbe d’apprentissage, convertir les non-croyants et faire confiance à des systèmes passifs quand toute notre vie nous nous sommes fiers sur des systèmes énergivores.
Au risque de sombrer dans une course aux points pour faire partie de l’élite platine, il faut avouer que face à la pondération des points pour chaque décision, on devient conditionné à penser comme le tableur de pointage LEEDv4. Il y a deux côtés à cette médaille. Le pointage nous force à suivre une stratégie de construction durable rigide dans sa structure. D’un autre côté, c’est ce qui nous est arrivé, la brique avec tous les règlements de LEEDv4 devient votre lecture de chevet pendant plus de 2 ans pour se transformer en une douce obsession. On dit que l’ambition est un sentiment extrêmement noble. Ce qui la pervertit, c’est l’obsession, qui est dans ce cas, la course au point.

Si on renait quand on bâtit sa maison, entreprendre une construction écoresponsable est une pure
sérendipité. On cherche quelque chose et on trouve autre chose pour se rendre compte que ce que nous avons trouvé est plus adapté à nos besoins que ce que nous pensions rechercher. C’est ce qui explique le mieux l’écoconstruction, sortir des sentiers battus pour se réinventer une nouvelle zone de confort. C’est la nouvelle norme. On lui souhaite un futur sain et très vert.

 

 

samedi 23 avril 2016

L'architecture charlevoisienne


La simplicité bucolique de l'architecture rurale dans Charlevoix
Chaque maison a son histoire. C’est ainsi pour le patrimoine architectural qui devient en sorte le messager culturel d’une époque sacrée. L’architecture conserve la mémoire de nos origines. Elle nous guide dans sa signification parce que nous construisons à notre image. Ce n’est pas de la simple nostalgie. C’est une belle complicité.

Clarence A. Gagnon
L’architecture charlevoisienne ne fait pas exception. Sa signature distincte communique une émotion bucolique qui vient nous interpeller depuis plus d’un siècle et demi. La terre de Menaud maître draveur conjure en nous une fierté profonde. D’anciens clichés photographiques démontrent la villégiature élégante des grandes villas sur mer qui ont accueilli plus d’un pinceau ou d’une plume pour les décrire. Aujourd'hui, je les contemple comme Laure Conan ou Gabrielle Roy a dû les regarder. Comme Clarence A. Gagnon et toute une pléiade d’artistes. La simplicité généreuse de l’architecture rend Charlevoix mythique. Ce que j’aime le plus est l’architecture rurale traditionnelle avec ses toits mansardés, ses granges à encorbellement, ses couleurs et ses textures. Ce qui m’émeut le plus est que j’ai le privilège de vivre parmi eux.


Le cachet spécial de l'architecture patrimoniale urbaine
 Après deux ans de planification, mon conjoint Pierre, avec toute la patience d’un bénédictin, vient de mettre la touche finale sur nos plans pour construire notre résidence de style maison de campagne moderne. On peut voir aussi cette architecture résidentielle dans les pays scandinaves. Ses lignes épurées, sa simplicité modeste, la texture des matériaux nobles qui la composent la rendent intemporelle. Nous l’avons choisi pour qu’elle soit bien ancrée dans le paysage de Saint-Irénée selon les normes qu’exige le privilège de vivre dans une région de villégiature hautement prisée.

Une architecture rurale au-delà de la nostalgie.
Quand vient le temps de gérer l’impact d’une nouvelle construction, le tout est scruté non seulement sur le plan environnemental, mais aussi sur le plan architectural. Le plan d’implantation et d’intégration architecturale de la MRC de Charlevoix Est exige des propriétaires demandant un permis de construction de fournir une description technique des revêtements extérieurs, des recouvrements de toitures, des couleurs et des matériaux. Une continuité architecturale doit être assurée tout en se conformant aux exigences actuelles des nouveaux codes de bâtiment. C’est un dialogue créatif qui assure les projets de construction bien muris. 

Le premier coup de pelle aura lieu bientôt et nous l’attendons avec impatience. Nous ne sommes pas les seuls. Plusieurs observateurs soit du domaine professionnel, industriel ou commercial sont intéressés par les protocoles environnementaux et énergétiques que nous avons intégrés dans sa construction. L’Heure Bleue est reconnue par le Conseil du bâtiment durable du Canada comme leader dans la construction écologique et écoénergétique et elle est la deuxième résidence au Canada et au Québec inscrite pour la certification LEED v4, une certification internationale. Nous partagerons avec vous via ce blogue notre expérience avec nos partenaires que ce soit au niveau de la conception, de la construction, de produit ou du service. Vous pourrez consulter également le site du CBDC sous la rubrique Leaders du LEED v4. Vous nous trouverez sous la rubrique Habitations et collectifs d’habitations de faible hauteur. Tel que mentionné par le CBDC : Le Canada est un chef de file mondial du bâtiment durable et on y compte le plus grand nombre de projets certifiés LEED à l’extérieur des États-Unis. Cette réussite repose sur des professionnels canadiens innovateurs qui cherchent toujours à atteindre les niveaux de durabilité les plus élevés dans la conception, la construction et l’exploitation des bâtiments. Le CBDC mentionne L’Heure Bleue parmi les leaders du Canada en matière de bâtiments durables.
Il y a une différence entre construire et bâtir. Construire une maison est un défi de taille lorsqu’on vise une certification écologique internationale. Bâtir une maison c’est autre chose parce qu’on veut qu’elle nous ressemble. L’Heure Bleue de Charlevoix prendra sa place parmi les autres domaines du Ruisseau-Jureux et comme un bon vin que l’on décante avec anticipation, notre petite maison de ferme sera à la hauteur, non seulement sur le plan environnemental et énergétique, mais pour sa contribution au patrimoine rural charlevoisien.

L'Heure Bleue de Charlevoix


Un patrimoine naturel à conserver
Tout commence par un rêve. D'ici quelques semaines, notre rêve deviendra réalité. Nous l'accueillons avec une profonde reconnaissance et une touche de fébrilité .La tranquilité pastorale, qui longe le fleuve sur le chemin du Ruisseau-Jureux dans Saint-Irénée, sera troublée par le vrombissement d'équipement lourd. Après deux ans de planification pour réaliser une résidence écologique et écoénergétique en quête d'une certification d'excellence internationale, nous connaitrons le résultat concret de toutes les rêveries vécues lors des soirées d'hiver, des calculs recommencés pour simuler des modèles de consommation énergétique et des consultations auprès des experts conseils. Au delà de cette planification, c'est en contemplant toute cette mouvance bleue entre ciel et mer et des prés bordés de montagnes, qu'un sentiment d'appartenance nous interpelle à les protéger. Il n'y a pas seulement le patrimoine naturel, mais aussi celui qui raconte notre histoire. C'est avec cette conscience que nous avons mis sur papier une résidence à la hauteur de toutes ces attentes.
 

L'entrée principale de notre terrain
Les Domaines du Ruisseau-Jureux partagent une vision collective où l’architecture perpétue la beauté de la région. Construire sa résidence ici c’est faire partie d'une belle toile collective. Les servitudes, provenant à la fois de la municipalité et du promoteur, servent de normes architecturales. Sur papier, on pourrait croire que toutes les maisons se ressemblent pour être conformes aux servitudes. Détrompez-vous.Tout comme l’artiste qui donne un coup de pinceau sur sa toile porteuse de beauté et de symbolisme, les propriétaires de ces résidences y mettent leur touche personnelle allant du traditionnel au plus moderne. 


Dernier regard avant le commencement de la construction.
Plusieurs baladeurs du dimanche viennent chez nous, au Ruisseau-Jureux , pour voir le fleuve et les domaines blottis entre les pommiers rustiques, les rosiers, les lupins sauvages et les lilas le long des clôtures en perche. Les fleurs sauvages qui apparaissent à divers temps au cours de la saison champêtre ajoutent une mouvance multicolore au gré des bises venant du fleuve. Souvent l’on aperçoit une voiture s’attarder pour lire les affiches arborant le nom des résidences qui se lisent comme un long poème d’une maison à l’autre pour évoquer le thème bucolique d'un air pastoral.


L'heure bleue :
Notre maison s’appelle L’Heure Bleue.C’est un brin de philosophie personnelle, une petite sagesse tranquille qui nous fait sourire. L’heure bleue est le moment le plus prisé par les photographes. Il se manifeste deux fois par jour, au moment précis lorsque la noirceur de la nuit touche les premières lueurs du jour, et le soir, lorsque les derniers soupirs de la journée annoncent la nuit étoilée. On dit que l’heure bleue du matin est le premier moment du jour où les oiseaux commencent à chanter, que les arbres s’étirent, que le parfum des fleurs et des fruits est à son meilleur. L’heure bleue du soir exprime la reconnaissance d’avoir vécu une journée remplie de ce qui nous passionne.

C’est ce que nous voulons pour cette maison, notre dernière comme Pierre et moi répétons souvent lorsqu’on nous demande de la décrire. L’Heure Bleue c'est notre projet de vie d'une retraite active vécue à deux avec notre famille et nos amis. Comme la bise qui émane du fleuve pour bercer les fleurs sauvages autour de notre maison, nous serons transportés tous les jours vers une gratitude profonde et une quiétude bien méritée.
Les fleurs sauvages nous accueillent tous les matins




jeudi 31 mars 2016

Saint-Irénée: entre séduction et imagination


Au bord du fleuve chez nous.
Saint-Irénée. Il y a trois ans, j’ignorais son existence et maintenant, ce beau village fait partie intime de ma vie. Ce fut une séduction sans pareil fondée dans une belle complicité intemporelle. Sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent à plus d’une heure à l’est de la ville de Québec, le long de la route 362, cette perle cachée est blottie entre Baie-Saint-Paul et La Malbaie. Je connaissais bien Charlevoix, ou du moins je le croyais. J’y étais allée plusieurs fois avec ma famille au Fairmont Le Manoir Richelieu, en prenant la 138. Dire comme tout le monde que c’est un panorama incontournable semble presque un cliché. Il n’y a vraiment pas de juste mot pour décrire le littoral charlevoisien et les émotions qu’il conjure. Tout ce que je peux affirmer est qu’ici, il y a un cachet spécial et unique qui vient nous chercher par les tripes. Ce sont pour ces raisons que chaque année, comme les oiseaux migrateurs et la faune marine, les vacanciers reviennent se ressourcer. Il fait bon vivre ici.
Je n’avais jamais pris la route du fleuve jusqu’au jour où nous étions à la recherche d’un terrain pour construire notre maison. Notre terrain coup de cœur nous l’avons trouvé dans les Domaines du Ruisseau-Jureux, sur le bord du fleuve et de là, nous nous sommes mis à planifier notre retraite active. Celle où l’on veut vivre en toute quiétude et autonomie, pour accueillir nos enfants, petits-enfants, parents et amis autour d’une table champêtre avec un bon vin et une bonne fourchette provenant des produits du terroir.

Écrivaine, blogueuse, artiste-peintre, musicienne et pouce vert, j’avais une liste de critères précise pour mon nouveau lieu de résidence. Il en était de même pour mon conjoint dont la liste était plus longue que la mienne. Quand on habite une région où il y a un centre de musique et de danse de réputation internationale, un patrimoine naturel reconnu par l’UNESCO, plus de galeries d’art que de banques, qu’un résident sur six est membre du club d’horticulture, que les artistes-peintres, écrivains et poètes viennent pour tremper leur pinceau ou leur plume dans toute cette inspiration, on ne fait pas d’erreur. C’est le nirvana total. Il serait difficile de trouver un élément qui surpasse tous ces attraits, mais il y en a un bien précis : ce sont les habitants eux-mêmes. Ce sont des gens authentiques et chaleureux qui sont fiers de leur patrimoine naturel et culturel. L’accueil qu’ils nous ont réservé nous a étonnés. Ils sont les meilleurs ambassadeurs de la région pour leur convivialité, le désir de rendre service et une sincérité désarmante.

La guérite du Domaine Forget
Les gens qui habitent ici ont une chance peu commune. Le fleuve Saint-Laurent domine tout avec son bleu polymorphe qui s’estompe dans le firmament et de l’autre côté, les montagnes du même bleu infini. Les touristes font la file au cours des saisons pour vivre une expérience unique qui meublera leurs souvenirs d’un endroit où le temps se semble arrêté. Vivre dans une zone de villégiature a ses bénéfices. Ce que les gens recherchent, nous le vivons ici et nous le protégeons. Des premières lueurs à l’aube jusqu’aux dernières lumières qui ponctuent la côte, Saint-Irénée ouvre ses bras grands ouverts dans ses maisons touristiques, ses restos et sa plage.

Le jardin français du Domaine Forget
Le soir, sur les airs de la plus belle musique du monde, le Domaine Forget bat la mesure qu’elle soit classique ou contemporaine. Heureux qui comme Rousseau, devient promeneur solitaire dans le jardin français où des sculptures surgissent des grands parterres pour nous rappeler que le surréel n’est pas si loin du réel. Que l’art ici, dans ce petit village est grandeur nature parce que vivre à Saint-Irénée, c’est comme vivre dans un tableau.  
Saint Irénée est la destination idéale pour les tête-à-tête
La plage de Saint-Irénée à la marée basse
romantiques et les vacances familiales. Les petits comme les grands font la file chez Ginette pour
se sucrer le bec. Ça sent bon chez Ginette. Ça grouille de vie avec les touristes qui se pressent pour retourner à la plage pour faire de l’équitation, apercevoir des bélugas ou regarder les vraquiers qui sillonnent silencieusement devant eux. Pour des provisions ou des petites gâteries sucrées, il y a le Père d’Antoine avec ses navires miniatures exécutés de la main passionnée d’un maître qui nous raconte son vécu sur le fleuve. Pour une bière provenant des microbrasseries de l’endroit, la Flacatoune offre un panaché d’arôme provenant de la terre et de la mer. Le Bistro Saint-Laurent est un resto des plus intimes où le chef vient nous accueillir et récite les plats du jour. Les résidences touristiques, les couettes et café et le motel offrent un hébergement abordable et agréable.
Suite à l'hôtel Le Rustique

Nous avons eu le plaisir de passer un séjour à l'hôtel Le Rustique à quelques reprises où Diane nous a accueillis comme si on était de la famille. Les chambres sont belles, la table est bonne, mais c’est la complicité des convives qui s’y plaisent qui ajoute au cachet de cet endroit. Le matin, on entend le forgeron à côté, battre le fer dans l'atelier L’idée forgée. La petite église, celle qui figurait dans l’émission Le temps d’une paix, surveille le village comme un phare protège les marins. On se sent bien ici. Même la lumière du jour semble différente. On le voit dans les tableaux des artistes qui ont saisi les couleurs dépourvues d’ombre.
L'église de Saint-Irénée
 J’ai visité des pays lointains où je m’émerveillais de voir les gens tout arrêter pour regarder un coucher du soleil disparaître dans les flots d’un océan ou une contrée exotique. On pouvait sentir que ce moment précis venait les chercher au plus profond de leur être. C’était un état de grâce et c’est très rare. Je les enviais. À Saint-Irénée, c’est un phénomène qui se répète quotidiennement. Il n’est pas surprenant de voir des centaines de voitures garées sur le bord de la route le long du village. Les occupants ont arrêté leur trajectoire pour marcher sur la plage de Saint-Irénée à la marée basse. C’est un rituel bien rodé. Ils marchent vers l’eau et regardent vers l’infini dans le bleu en mouvance, où se confondent mer et ciel. Non loin, des cavaliers descendent la plage avec leurs montures avec une grande nonchalance délectable. Les enfants jouent dans le sable. Les grands cherchent les baleines, les bélugas et les rorquals au bout de la Jetée des éperlans. Les plus vieux s’enfoncent dans des chaises dans une douce oisiveté, les deux pieds dans le sable, en respirant profondément l’air marin. On est bien ici à Saint-Irénée.
La côte charlevoisienne vue de chez nous
Donc, la prochaine fois que vous ferez le trajet entre la Baie-Saint-Paul et La Malbaie, prenez la 362 et venez découvrir un endroit qui meuble non seulement le cœur, mais l’imagination. Saint-Irénée, le plus beau village du Québec et c’est chez nous.

 

samedi 23 janvier 2016

La séduction de Pandore par Saint-Basile



Pandore la 1ere femme
C’est une douce séduction qui devient venimeuse quand elle est à son meilleure. Tout est dans le regard et le désir. L’idée de créer l’environnement intime nous choie. On repousse l’ordinaire et le style de vie prêt à porter pour s’exposer aux regards des autres sans vouloir admettre que l’on attend leur jugement. Avouons-le, on se définit par les intérieurs que nous habitons, car ils reflètent notre intimité. L’art de la vie casanière relègue aux oubliettes les designs préconçus pour inventer un éclectisme imprédictible. Ajoutez la conscience écolo et il n’est pas surprenant d’entendre un soupir collectif.
En guise de soulagement, on entend une petite voix qui murmure : et puis après?
 Nous sommes une société de consommation entourée d’objets. On veut faire une bonne affaire, bref : quelque chose qui nous valorise par son acquisition. Toute une classe de consommateurs chevronnés musarde les marchés aux puces, les friperies, les encans et les ventes sur internet comme Kijiji, Craig’s List, Etsy, Ebay et même Facebook. Il y a aussi l’armée verte, ces écolos qui cherchent dans la récupération les trésors abandonnés qui ne se sont pas encore rendus chez l’antiquaire, la boutique huppée de collections ou l’écocentre. C’est l’art d’intercepter la perle rare avant que les autres s’aperçoivent sa juste valeur.
Les dédales de l'abondance
Le profane se mêle au sacré
 La séduction de l’objet trouvé est devenue notre passe-temps par excellence. Pour ce qu’il y en est pour mon conjoint et moi-même, notre motivation est simple. Afin d’ajouter aux lignes épurées modernes de notre maison, nous avons choisi d’ajouter des éléments architecturaux et décoratifs inattendus. Une de nos inspirations est d’avoir des portes intérieures anciennes pour faire un contraste avec la modernité. C’est un beau dialogue entre les époques et c’est écolo. Donner une deuxième vie à un objet qui ne vient pas emballé par la manufacture s’avère une aventure des plus enrichissantes. On dirait du voyeurisme. L’objet convoité vient enveloppé dans une histoire unique qui raconte sa provenance. En prenant le temps de trouver ces artefacts, on découvre les vies qui y étaient greffées et on s’imagine toutes les histoires qui vont avec l’époque associée. Cette perspective ajoute à la richesse de nos trouvailles et est limitée par l’imagination nostalgique et le goût de la recherche. Les chiffonniers, les miroirs, les portes et même les fenêtres revêtent une entité particulière. Il y a une histoire accrochée à chaque objet. Il n’y a pas seulement les murs d’une maison qui peuvent raconter une histoire. Les objets de tous les jours nous racontent les vies qui les ont manipulés. Je vous avertis, c’est accro.



ARTÉ
Nous nous sommes donc mis à convoiter ce que les autres avaient apporté aux écocentres municipaux et aux entrepôts remplis de matériaux provenant de la démolition de vieux couvents ou de monastères avec leurs trésors anciens. Pour réussir, il faut une stratégie d’achat et de logistique. GPS et café en main tôt les fins de semaine, nous cherchions tout ce que nous avions recensé sur notre liste. La courbe d’apprentissage a été abrupte. C’est du travail ardu à la fois cérébral pour dépister et physique pour manipuler. Ensuite, il y a l’attitude. Tout a une valeur reliée à sa fonctionnalité et à son époque d’où vient le fameux terme de vintage. Combien de fois avons-nous jasé avec un vendeur qui utilisait cette épithète librement? Caveat emptor! Quand on parle de millésime, on parle d’une époque et de l’objet original. Pour le néo-rétro, c’est l’imitation conçue pour évoquer l’époque. Le vintage a sa valeur nostalgique ajoutée à l’engouement du désir d’acheter de la qualité à petit prix. Je ne suis pas chineuse de kitsch, mais le gros bon sens écolo me donne un éclectisme inégalé sans être assujetti à la houlette d’un designer ou d’un architecte d’intérieur. 
Saint-Basile


C’est à la recherche de tels éléments architecturaux que nous avons trouvé ARTÉ, l’Artisan du Renouveau et de la Transformation Écologique, un magasin-entrepôt au plein cœur de Griffintown, faubourg historique longeant le canal Lachine, à Montréal. En furetant leur site internet, on y découvre une richesse tant au niveau du kitsch jusqu’aux antiquités. C’est en franchissant le seuil d’ARTÉ que l’on réalise qu’on vient d’ouvrir la boîte de Pandore et tout son envoutement. Ce n’est pas tous les jours que l'on peut dire que Saint-Basile nous reçoit en entrant. Ensuite, c’est l’accueil chaleureux de Jean-Marc Moreau, le gestionnaire d’ARTÉ, qui nous donne la clé des champs pour aller explorer les dédales de l’entrepôt de la rue Murray. À vrai dire, toutes les stratégies que nous avions formulées pour repérer des objets spécifiques se sont envolées. Pierre et moi marchions en silence sous l’effet
Stéphane Tremblay
d’une émotion tangible comme on le fait en pénétrant une cathédrale ou un temple. C’est hallucinant. Tout à coup, nous sommes interpellés par une voix qui provient de quelque part dans le labyrinthe. Stéphane Tremblay est le génie dans la caverne d’Ali Baba, dans tous les sens du mot. Il en est le fondateur et celui qui a pu réaliser cette vision de valoriser la récupération. Génie,
car ARTÉ est un tour de force sur plusieurs plans et que son initiative est durable. Non seulement a-t-il créé des emplois, mais il valorise l’approche écologique de la récupération. ARTÉ est reconnu par les designers, les revues d’intérieur, les metteurs en scène pour la télé et le théâtre, les plateaux de tournage pour le cinéma, pour les objets rares qui sont en location. Pour le commun des mortels, c’est la boîte de Pandore.  Si vous avez l’œil et que vous avez fait vos recherches, vous dénicherez des œuvres d’art, des artefacts et des meubles, même des outils convoités par les collectionneurs chevronnés. À l’œil s’ajoute l’art de négocier. Pratiquez-vous.

Jean-Marc Moreau
 Nous sommes allés à trois reprises chez ARTE et toutes les fois, Stéphane et Jean-Marc nous accueillaient avec le même brio. Incertains au sujet d’une acquisition, Stéphane est un designer né  qui vous offre des suggestions pour inspirer. Quel serait le critère ultime pour consacrer ARTÉ avec Stéphane et Jean-Marc comme un must pour refaire vos intérieurs? C’est quand on y passe une bonne partie de la journée et qu’on y sort à la noirceur avec nos trouvailles acquises à un prix extrêmement raisonnable. Qu’on a fait de nouvelles amitiés avec deux hommes uniques pour leur implication dans la communauté et qu’il a fallu louer un camion pour ramener nos trésors à la maison!
Journée fructueuse
D’habitude je trouve la route longue entre Montréal et Gatineau, surtout la 417, mais cette soirée-là, en suivant mon conjoint qui conduisait la camionnette de location avec notre butin, j’ai chanté avec la radio tout le long en regardant les étoiles qui surplombaient les fermes à perte de vue. C’est inouï comment parfois la vie nous donne un clin d’œil quand on simplifie les choses. Au fond, c’est ça être écolo, c’est redonner une deuxième vie à un objet qui a une histoire à nous raconter. Ce qui est encore plus fascinant est l'émotion créée lorsqu'on achète un objet du passé. C'est un peu comme si l'histoire continue à se raconter en suivant la trajectoire que lui donne notre quotidien. En y pensant, le design n'est pas l'image de l'objet mais comment il fonctionne. Si cet objet est utile et qu'on s'en sert encore après toutes ces vies qui l'on possédé, cela ne fait qu'ajouter à sa poésie. Voilà sa plus grande valeur : bien fait c'est mieux que bien dit. Parfois, il ne faut pas attendre d'être séduit, il faut poursuivre son inspiration pour guider nos projets et réaliser nos rêves.